Par Amor González, psychologue scolaire
Pour moi, le week-end se termine toujours par une séance de cinéma.
Il ne s’agit pas de regarder un film à la maison en mangeant du pop-corn et en buvant une boisson gazeuse, mais d’une vraie séance, dans une salle de cinéma.
Le rituel dominical de chercher quels sont les films qui sont à l’affiche et de choisir le film que nous irons voir, de nous retrouver ensuite avec les amis avec lesquels nous partageons cette habitude et de terminer la soirée en allant prendre un verre pour discuter, rarement du film, et se raconter notre vie.
C’est une façon de prolonger le dimanche et d’en profiter jusqu’à la dernière minute en partageant, avec les amis, une activité qui nous plaît.
Dimanche dernier, nous sommes allés voir Dark Waters -en espagnol, Aguas oscuras-.
Je ne suis pas critique de cinéma, je n’ai pas non plus la prétention de faire des commentaires cinématographiques pertinents, mais, à mon avis, le film ressemblait beaucoup à un documentaire, sauf qu’il était interprété par des acteurs. Avec une très belle interprétation de l’acteur principal, selon moi.
Dark Waters dénonce les mauvaises pratiques (et, dans ce cas précis, la mauvaise pratique est un euphémisme qui ne correspond en rien aux horreurs commises par la toute puissante entreprise DuPont) et montre combien il est difficile, long et épuisant d’affronter ces monstres à fabriquer de l’argent ; à titre d’exemple, je vous laisse un chiffre : 1000 millions de bénéfices annuels pour un secteur d’activité : le Téflon.
Ce qui m’a le plus fascinée (défaut professionnel) c’est l’interprétation du personnage principal: Robert Bilott, avocat spécialisé dans un cabinet de renom Taft, Stettinius & Hollister, dont la principale mission est de défendre les intérêts des grandes entreprises du secteur chimique (sic).
Après 20 ans, au prix de nombreux sacrifices personnels (implication familiale presque inexistante), professionnels (on lui réduit quatre fois son salaire) et même de santé, il remporte une victoire difficile à imaginer, une réparation morale et économique pour les clients qu’il représente: 670,7 millions de dollars d’indemnisation.
Durant 20 ans, et sans avoir aucune garantie qu’il allait gagner, mais plutôt en ayant toute la force du vent contre lui, il a accru ses efforts, fermement résolu et déterminé dans son objectif : que justice soit faite.
Combien d’entre nous n’aurions-nous même pas commencé parce que “c’est impossible”, “parce qu’elle est trop grande, trop forte, trop puissante”, “parce que son budget pour tenir est infini alors que nos ressources sont limitées”, “parce que sa capacité de lobby est écrasante”, “parce que je suis seul contre une multitude”…
Alors, pourquoi Robert Bilott se lance-t-il contre vents et marées dans cette lutte inégale ? Par amour-propre? pour l’argent? pour la reconnaissance des autres ?
Non.
Ce qui va le maintenir et le soutenir, surtout lors des pires moments, c’est ce qu’il place de l’autre côté de la balance. Une valeur: son sens de la justice.
Je croise tous les jours quelqu’un qui me dit que son principal objectif dans la vie c’est d’être heureux, ou que ses enfants soient heureux. Si je continue en demandant QUELLE est sa définition du bonheur, dans la plupart des cas, je remarque que cela signifie être tranquille, sans préoccupation, sans problème.
L’absence de malaise étant l’objectif vital.
Je me demande si Robert Bilott a été heureux?
Si on le conçoit depuis cette définition inerte et creuse, certainement pas.
Donc, encore une fois, nous faisons face à une dichotomie: une vie agréable ou une vie riche de sens. Que choisissez-vous ?
Allez-vous oser rêver ?
En quoi voulez-vous que se résume votre vie ?
Selon vous, qu’est-ce qui vaut la peine ?
Quel genre de personne souhaitez-vous être ?
Si vous n’aviez pas peur de l’échec, de décevoir vos parents, … si vous n’aviez jamais aucuns doutes ni préoccupations, qu’est-ce que vous feriez?
Quelles sont les qualités personnelles que vous souhaiteriez développer dans votre rôle d’enfant, de parent, d’ami(e), de couple, professionnel ?